À la fortune du mot

< mardi 30 novembre 1999 >
Vocabulaire

Quand elles recourraient toutes, mais à bon droit cette fois, à la préposition sur, les locutions suivantes ne nous en réservent pas moins, en matière d'étymologie, d'affriolants dessous !

Courir sur le haricot. Si le sens du verbe (« ennuyer ») va de soi, on se perd en conjectures sur l'emplacement exact dudit haricot. Certains optent pour la tête, d'autres avancent le gros orteil — qui en aurait vaguement la forme —, d'autres encore se mettent de la partie en invoquant le testicule ! Cela dit, qui niera qu'un importun nous casse la tête, les pieds et parfois le reste ?

Marcher sur les brisées de quelqu'un. Les brisées en question n'étaient autres, à l'origine, que ces branches dont usait le veneur d'une chasse à courre pour signaler l'endroit du bois où la bête avait disparu.

Monter sur ses grands chevaux. Rien d'étonnant à ce que l'expression évoque l'arrogance : ces chevaux-là étaient ceux sur lesquels, jadis, on livrait bataille. Il est vrai, comme le souligne avec pertinence Bernard C. Galey dans son livre Du coq à l'âne (éd. Tallandier), que les destriers devaient être de belle taille pour porter chevalier... et armure !

Tomber sur un bec. Ce dernier était avant tout de gaz et symbolisait le sergent de ville en faction auquel, comble d'infortune, se heurtait le cambrioleur qui venait tout juste d'effectuer un fric-frac.

Trier sur le volet. Ne donnez pas dans le panneau : il ne s'agit pas ici d'un quelconque contrevent ! Le volet — ainsi nommé parce que, léger, il voletait à la moindre brise — était cette espèce de sas, de tamis dont on se servait, au XVIe siècle, pour sélectionner le grain...