À la fortune du mot

< mardi 23 avril 1996 >
Vocabulaire

Restons dans le cadre de l'imprimerie, pour quelques précisions pittoresques...

Minuscule. À en croire Bernard C. Galey (L'Étymo-jolie, Tallandier), elle est née de considérations bien matérielles : ce serait en effet pour économiser le vélin que les copistes carolingiens adoptèrent cette lettre plus petite. Le latin, jusqu'alors, s'était toujours écrit en capitales.

Bas(-)de(-)casse. Minuscule derechef, dans le jargon des spécialistes... La casse était la boîte qui contenait les caractères. Les casiers du haut, plus difficiles d'accès, abritaient les majuscules, moins usuelles ; le bas de casse, dévolu aux minuscules, a fini par les désigner.

Guillemets. Probable diminutif de Guillaume, du nom — ou du prénom ? — de leur inventeur, un imprimeur du XVIIe siècle.

Cédille. Celle-là nous vient d'Espagne (cedilla), où elle signifie petit z (et non pas petit c, comme le laisserait facilement croire sa forme).

Tréma. Avant que les imprimeurs de la Renaissance ne s'en emparent pour distinguer les i et u voyelles des i et u consonnes (nos j et v actuels), le mot désignait, en grec, le point d'un dé !

Esperluette. Si l'abréviation & — encore appelée et commercial — a reçu ce joli nom, c'est, selon Claude Gagnière (Des mots et merveilles, Laffont), parce qu'elle terminait jadis l'alphabet. Prononcée ète, à la latine, elle se voyait souvent gratifiée d'une rime plaisante, telle que perluète, par le potache soulagé d'avoir bouclé sa récitation ! L'explication est trop belle, convenons-en, pour être tout à fait erronée...