Cadavres exquis

< mardi 29 juin 1999 >
Vocabulaire

Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ? Pas si sûr ! L'étymologie nous prouve que le contenant, parfois, peut s'avérer aussi savoureux que le contenu...

Canette. Quand cette graphie aurait tendance à prendre le pas sur sa rivale cannette (sans doute en raison de notre traditionnelle méfiance à l'égard des consonnes doubles se répétant au sein d'un même mot), nous n'en avons pas moins affaire à un diminutif de canne. Ce dernier vocable, qui désignait à l'origine un tuyau, ne s'est-il pas appliqué très tôt, en effet, à divers récipients, en particulier à des cruches de forme allongée ? Rien d'étonnant, dès lors, à ce que l'on ait donné le nom de canette, au XVIIIe siècle, à la petite bouteille mince et longue contenant bière ou jus de fruits. L'autre acception du terme, d'une actualité plus brûlante puisqu'il s'agit de la « boîte métallique » incriminée à Socx, doit beaucoup, pour sa part, à l'anglais can, « boîte de conserve ».

Bonbonne. Cette variante graphique, à laquelle notre bonbon n'est certes pas étranger, est, pour ce qui est de l'étymologie, bien moins évocatrice que la version originale bombonne : c'est en effet par analogie de forme avec le gros boulet creux rempli de poudre que l'on a donné ce nom, au XIXe siècle, à un récipient... bombé, à col étroit.

Dame-jeanne. L'alter ego de la précédente, puisque ce sont également ses formes rebondies qui ont valu à la présente bouteille d'être gratifiée d'un prénom féminin. Alain Rey nous rappelle que la chose, autrefois, n'était pas rare, et mentionne par exemple la jacqueline, cruche de grès à large panse elle aussi, en usage surtout dans nos Flandres.