À la fortune du mot

< mardi 18 mai 1999 >
Vocabulaire

Aujourd'hui, actualité oblige, l'étymologie vous met le feu...

Faire feu des quatre fers. Pour nous mettre en selle, une expression qui date de 1793, en pleine tourmente révolutionnaire, et qui doit beaucoup à la plus noble conquête de l'homme : ces fers qui produisent des étincelles seraient en effet ceux du cheval qui part au galop.

N'y voir que du feu. Si pour Littré cette locution doit être rapprochée de nos fameuses « trente-six chandelles » et évoque un coup porté sur la tête, Bernard C. Galey préfère y voir, comme pour mourir à petit feu, l'influence du bûcher médiéval : elle renverrait alors à la naïveté d'un public qui ne s'avisait pas que le présumé sorcier, loin de brûler vif, avait la plupart du temps été étranglé, au préalable, par le bourreau.

La part du feu. La faire consistait à l'origine à abandonner un espace à l'incendie afin de mieux le circonscrire. L'idée s'est maintenue, mais dans un registre beaucoup plus vaste, d'un sacrifice partiel et calculé pour sauver l'ensemble.

Sans feu ni lieu. C'est l'ancêtre de notre SDF, le feu figurant jadis le foyer autour duquel se prenaient les repas. Être sans feu ni lieu revenait donc à n'avoir ni vivres ni toit... À ne pas confondre, bien sûr, avec sans foi ni loi, les deux expressions reposeraient-elles sur une semblable assonance...

On a tiré un beau feu d'artifice à sa naissance. Une façon « politiquement correcte » (mais pratiquement sortie de l'usage) de signifier que l'infortuné n'a pas inventé la poudre... puisque de toute évidence elle existait avant qu'il ne vînt au monde !