Dis-moi comment tu t'appelles,
je te dirai ce que tu fais dans la vie !

< dimanche 17 septembre 2017 >
Chronique

Dans la famille des mots en -nyme, que connaissent bien les habitués de cette chronique, il est rare que l'on demande l'« aptonyme » ! Un livre vient pourtant de lui être consacré, et force est d'avouer que ce n'est pas triste...

L'aptonyme (une trouvaille de nos cousins québécois), c'est le patronyme « qui va bien », comme on dit aujourd'hui. Celui qui « semble étroitement lié aux activités de celui qui le porte », voire, renchériront d'aucuns, « a prédestiné ce dernier à s'y adonner ». Et si vous voulez qu'on vous fasse un croquis, demandez-le à Sandrine Campese, à l'origine de deux récents et remarqués 99 dessins pour ne plus faire de fautes (éd. de l'Opportun). Elle qui vient tout juste de rédiger, chez Larousse, un Petit Dictionnaire insolite des aptonymes enfonce joliment le clou : « N'avez-vous donc jamais croisé un M. Beauregard qui était opticien ? Un cardiologue qui s'appelait Jolicœur ? Entendu parler du père Lacroix ou du boulanger Quignon ? »

Parce qu'à vaincre sans péril on se condamne à triompher sans gloire, Sandrine Campese n'a pas là borné son ambition. Elle s'est mis en tête d'illustrer la chose à l'aide de noms que chacun peut connaître, autrement dit de traquer l'aptonymie parmi les gens en vue. Le plus dur, pour le lecteur, est alors de sélectionner deux ou trois exemples qui lui permettront de briller dans les repas mondains ! Reconnaissons que le choix est malaisé, entre Alexandre Bontemps, valet de chambre de Louis XIV chargé de veiller à la ponctualité du lever du roi ; Jean-Pierre Boisson, maire de Châteauneuf-du-Pape de 2001 à 2014 ; Léo Fourneau, critique gastronomique au magazine Elle de 1991 à 2005 ; l'ancien champion québécois de ski nautique Pierre Plouffe, le basketteur français Mickaël Gelabale, le spécialiste du sprint Arnaud Démare...

Et que dire de ces contraptonymes, « tout aussi savoureux, plaide Sandrine Campese, par l'effet de décalage qu'ils suscitent ». Qui niera que, pour un certain David aux allures de Goliath, se nommer Douillet ne puisse prêter à sourire ?

Il en faudrait plus, il va sans dire, pour que nous allions croire à ces histoires de prédestination. Figurez-vous qu'en flamand Dewaele signifie « le Wallon, celui qui parle français ». Quant à saint Bruno, entre deux lampées de chartreuse il était grammairien. Vous voyez bien que tout cela ne tient pas debout !

 

Petit Dictionnaire insolite des aptonymes, par Sandrine Campese (éd. Larousse) ; préface de Frédérick Gersal, illustrations d'Isabelle Fregevu-Claracq ; 192 p. 17,5 x 13 cm ; 8,95 €