Les candidats du Nord privés de compas...

Ça ne tourne pas rond au CAPES !

< mardi 22 mars 2005 >
Chronique

Que faire quand, confronté à des problèmes de géométrie plane qui s'apparentent déjà à la quadrature du cercle, on se voit par surcroît interdire de tracer ce dernier à l'aide d'un compas ? Voire — comme ce fut le cas pour les candidats au CAFEP, équivalent du CAPES pour l'enseignement privé — d'une banale capsule de Vittel, histoire sans doute de ne pas avantager indûment les habitués, censés avoir pris de la bouteille ? Se métamorphoser, faute de mieux, en... rapporteur et protester, au nom de l'égalité bafouée, auprès de l'autorité compétente ! C'est ce qu'ont fait, après avoir bavé durant l'épreuve d'approximatifs ronds de chapeau, les candidats au CAPES de mathématiques de notre région. On ne se sera sans doute pas fait faute de leur rétorquer qu'un futur professeur doit pouvoir tracer un cercle à main levée : dans ses célèbres Dingossiers, le regretté René Goscinny prétendait même qu'un prof ne serait respecté de ses élèves qu'à cette condition ! Cependant, pour obtenir gain de cause et annulation de l'épreuve, les intéressés auront eu beau jeu de faire valoir qu'un compas n'avait pas seulement vocation à réaliser les figures prescrites, mais qu'il permettait aussi et surtout de découvrir leurs propriétés. À l'aune de l'étymologie, on ne peut d'ailleurs que leur donner raison : issu du bas latin compassare, « évaluer avec le pas », le compas a été un instrument de mesure avant d'être de tracé. Le confirme avec éclat la locution bien connue « avoir le compas dans l'œil », où, à l'évidence, il n'est guère question de dessiner des cercles parfaits ! L'atteste également, mais de façon plus subtile, l'adjectif compassé : on sait que, dans un registre soutenu, on qualifie de la sorte une attitude affectée, guindée, où il n'entre plus rien de spontané. Mais c'est précisément parce que, chez les personnes concernées, tout est calculé, minutieusement réglé, soigneusement... mesuré ! Rien à voir, en revanche, avec la compassion (du latin compati, « souffrir avec »), quand même l'Éducation nationale serait bien inspirée d'en éprouver un tant soit peu pour les infortunés qui, convaincus d'avoir réussi la première épreuve, n'en sont pas moins contraints d'en affronter une nouvelle. Espérons avec eux que l'organisation fera cette fois meilleure figure et que les correcteurs, avec ou sans compas, sauront de leur côté... arrondir les angles !