Lors des « spéciales couples » de Jean-Pierre Foucault

Faut-il écouter sa femme...
ou son épouse ?

< mardi 3 juillet 2001 >
Chronique

Perverse, délicieusement perverse, la nouvelle formule mise en place par Jean-Pierre Foucault, pour son jeu du samedi soir ! À en juger par les regards torves que se lancent les conjoints à la suite d'un mauvais choix, du style « Je te l'avais bien dit » ou « Pour une fois, tu aurais mieux fait de m'écouter », on est en droit de se demander si, dans la foulée et hors antenne, l'émission n'est pas séance tenante rebaptisée Qui veut gagner des gnons ? Mais laissons là ces considérations de politique intérieure pour nous pencher sur un problème plus sérieux, et autrement adapté à notre statut : avant de traiter de tous les noms, dans les coulisses, celle qui vous a fait perdre soixante-dix bâtons, comment convient-il de l'appeler sur le plateau : mon épouse ou ma femme ? Certes, on pourrait — contexte oblige ! — demander là-dessus l'avis du public... Mais est-on bien sûr que ce dernier se révélerait de bon conseil ? Combien seraient-ils à penser, en effet, que ma femme fait un rien possessif et vulgaire ? N'est-ce pas là le parfait pendant de mon homme, qui évoque plus volontiers le faubourg et la môme Piaf que les raouts haut de gamme du XVIe arrondissement ? Circonstance ô combien aggravante, la formule semble tout droit sortie de la bouche du lieutenant Columbo, dont l'imperméable et la 403 décapotable soulignent assez la ringardise et le mauvais goût ! S'imagine-t-on, a fortiori, demander à un personnage important des nouvelles de sa femme ? Eh bien, oui ! En tout cas, les ouvrages qui font autorité dans ce domaine sont pour une fois formels et unanimes : cela vaudra toujours mieux que de s'enquérir de son épouse. Si étonnant que cela puisse paraître au commun des mortels, c'est ce dernier terme qui est montré du doigt par nos gardiens du temple : transfuge de la langue administrative ou juridique, il est « à éviter absolument » si l'on ne veut pas sombrer dans le familier, le populaire, l'ironique, le prétentieux, le bourgeois... (ne rayez rien, aucune mention n'est inutile). Il n'y a guère qu'au pluriel que les époux se refont — si l'on ose dire — une virginité. Partout ailleurs, insistent les grammairiens, mon mari doit être préféré à mon époux, votre femme à votre épouse. Et c'est leur dernier mot, Jean-Pierre...