Le champion du monde d’orthographe
à l’Université populaire

De la beauté de l’archaïsme

O.D.B.
La Voix du Nord (Lille)
24 octobre 2000

« Ouvrir un dictionnaire est la plus belle des humilités. »

Bruno Dewaele parle d’expérience. Il l’a sûrement beaucoup ouvert pour remporter les championnats du monde d’orthographe en 1992.

Dimanche, cet agrégé de lettres modernes, professeur au lycée des Flandres d’Hazebrouck, était l’invité de l’Université populaire de Lille.

Trois cents personnes environ s’étaient réunies au Nouveau Siècle pour savoir s’il faut « brûler l’orthographe ».

Brûler avec un accent circonflexe. Bruno Dewaele y tient beaucoup. Il reproche d’ailleurs aux publicitaires de n’en faire aucun cas. Une marque de yaourt l’a rayé de son Calin tandis qu’un grand nom des cosmétiques en a ajouté un à son parfum Poême.

À Hazebrouck, sa ville natale, on a d’ailleurs renvoyé un pâtissier « pour avoir mis deux f à profession de foi » : cela prouve que l’orthographe, ce n’est pas de la tarte !

Le ton est donné. Le public plutôt âgé, acquis à la cause, est hilare.

Le conférencier, auteur de deux livres d’humour, défend donc, avec le sourire, le droit à l’archaïsme de la langue française.

Car, contrairement aux idées reçues, la langue française a traversé sept siècles de projets de réformes sans y laisser beaucoup de plumes, explique le défenseur de la langue de Molière.

Certes, de nos jours, on ne traque plus avec autant de rigueur dans les lettres la « hideuse faute, visqueuse limace au cœur d’une rose », dixit un manuel d’orthographe des années 30.

Mais Pivot et Dewaele, l’un avec sa dictée, l’autre avec sa chronique dans La Voix du Nord, permettent à l’accent circonflexe de continuer d’exister !