Le livre du jour

STALAG IV C

par Jean-Louis et Pierre Merle
Collection e-dite
150 p., 18 €

Le soixantième anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie ne se sera pas seulement traduit par les solennelles commémorations que l'on sait. Il aura aussi permis que voient le jour des livres comme celui-ci. De ces livres qui nous rappellent que la grande histoire est d'abord faite d'une infinité de petites, de ces destins individuels qui, plus efficacement que de pompeux discours, nous content l'absurde et le désespoir. Pour avoir fréquenté l'un et l'autre durant cinq années passées au Stalag IV C, aujourd'hui situé en République tchèque, le peintre Jean-Louis Merle était mieux que quiconque placé pour confirmer que cette vie-là, quand elle ne tournerait pas définitivement (éternel mélange des genres !) le dos au cocasse, n'était pas non plus... de bohème. Il l'a dit, par le biais d'enregistrements successifs, comme si l'indicible ne pouvait décemment se confier qu'à petites doses. Surtout il l'a peint ; croqué sur le vif, serait-on tenté d'écrire, si l'expression, dans cet univers gagné à la mort, ne prêtait à sourire douloureusement. Pour le cas où il serait parvenu, dérisoire alchimie de l'artiste, à faire de toute cette fange un peu d'or...

C'est son fils Pierre, traqueur insatiable de nos futilités langagières, qui, par procuration, tient ici la plume. Il s'acquitte de sa tâche avec cette sobriété et cette humilité qui, seules, pouvaient convenir à ce bain d'essentiel.