Finale régionale 2014 des Timbrés de l'orthographe

La dictée
n'est plus une maladie orpheline !

6 avril 2014

Demander à des « timbrés de l'orthographe » d'adopter une faute ? Il fallait à tout le moins s'appeler Daniel Picouly pour se permettre semblable provocation...

Autant attendre, en effet, de Christine Boutin qu'elle fasse la promotion du mariage pour tous, voire d'un ministre de l'Écologie qu'il supprime l'écotaxe ! C'est pourtant ce à quoi s'est risqué le romancier, parrain de l'édition 2014 d'une compétition nationale qui monte (pas moins de trente mille inscrits cette année). Pas sûr, au reste, que ses victimes d'un jour — tant celles qui se sont réunies dans les locaux de la faculté de médecine, à Loos, que leurs homologues des vingt-deux autres finales régionales — s'en soient toujours avisées ! L'auteur de ces lignes est bien placé pour savoir que la tension nerveuse, en pareille circonstance, vous rend beaucoup moins soucieux du sens que du repérage des gynécée, logorrhée, pithécanthrope et autres vocables à coucher dehors avec un billet de logement qui semblent n'avoir été mis là que pour précipiter votre perte...

Il n'empêche : à y bien réfléchir, pouvait-on s'attendre à autre chose de la part de quelqu'un qui a sportivement et publiquement reconnu que la faute d'orthographe était « sa langue maternelle » ? Humour, recul, esprit de tolérance. Pas sûr, encore une fois, que les infortunés candidats — par trop occupés, ce samedi, à se demander si les haltères avaient un sexe (et lequel !), où se trouvaient les « y » dans kyrielle ou prophylaxie, et combien de « t » méritait l'échalote — se soient montrés sensibles à cette louable tentative de dédramatisation.

Il en est un en tout cas que l'assistance, si aimable soit-elle, n'aura pas adopté : le pourtant affable et policé Frédérick Gersal, dont le questionnaire à choix multiple, désormais inévitable et impitoyable préalable à la dictée dont nous parlions, aura cette fois plongé l'amphithéâtre dans des abîmes de circonspection. Il faut ici préciser que le chronomètre ajoute à la détresse du candidat car les plats, en l'occurrence, ne sont pas repassés. Dans la dictée au moins, et pour peu que le concurrent ait un trou, il est toujours possible de revenir sur... l'emmental !

D'aucuns nous diront sans doute qu'aux matamores du participe, aux fiers-à-bras du subjonctif et aux bretteurs de Bescherelle cette finale régionale aura paru un peu tendre. Mais ce n'était visiblement là que mise en bouche avant le plat de résistance du 14 juin, lequel attirera dans la capitale les plus fins de ces gourmets de la langue française. Jusque-là, et dans l'attente de résultats qui leur parviendront dans quelques semaines, il ne leur reste plus qu'à dévorer leurs dictionnaires et à redécouvrir l'orthographe... par le menu ! Et qui sait ? Peut-être que, comme l'an passé, où notre région s'était couverte de gloire avec les victoires de Julien Soulié, Thibaut Arbaoui et Marie Ollier, les « masterchefs » de l'orthographe viendront du septentrion !

 

Retrouvez cet article (avec la photo qui l'accompagne) dans sa présentation originale, tel que La Voix du Nord l'a publié.