Finale régionale 2013 des Timbrés de l'orthographe

Et si la dictée
devenait votre tasse de thé ?

7 avril 2013

Est-ce parce que les tentes à oxygène sont à portée de main ? Parce que, non loin de là, des hélicoptères sont prêts à décoller, toutes pales dehors, à la moindre lipothymie ? Toujours est-il que la finale régionale des Timbrés de l'orthographe s'est tenue hier après-midi, et ce pour la troisième année consécutive, dans un amphithéâtre de la faculté de médecine Henri-Warembourg, à Loos-lez-Lille.

Ils étaient partis mille quatre cents en novembre, mais ne se virent plus que cinq cents en arrivant au... pôle de formation, ces rescapés des épreuves de sélection dont plus d'un s'attendait à rire jaune : n'avaient-ils pas été prévenus que le texte concocté par la marraine de l'édition 2013, la romancière Tatiana de Rosnay, aurait pour titre « Le Thé de la solitude » ? Voilà qui laissait craindre moult chinoiseries orthographiques, dont à tout le moins on ne sortirait indemne qu'à condition de posséder la science... infuse ! Quant à la mémoire des candidats, ne risquait-elle pas, eu égard au contexte, de se transformer définitivement en passoire ?

Heureusement, il y eut au bout du compte plus de peur que de mal. Au détour du questionnaire proposé, comme chaque année, par Frédérick Gersal, le thé en question se révéla plus calmant qu'excitant et, l'heure mise à part (on le versa bien avant five o'clock), la façon dont il fut servi n'eut rien que de très classique. Rien qui pût déstabiliser, en tout cas, des candidats souvent aguerris par deux décennies de scénarios « pivotesques » ! Ceux-là savent depuis belle lurette que si l'effluve est mâle, les affres sont femelles ; qu'il convient de se méfier de l'aversion, quasi... obsessionnelle, des Français pour les consonnes doubles ; que c'est chapeau bas qu'il sied de saluer un grand cru, autrement dit en lui refusant l'accent circonflexe ; et qu'il faut se garder d'accorder l'adverbe tout quand il précède un adjectif féminin qui, comme esseulée, a pour initiale une voyelle : en arrière, toute ! Bref, parmi tous ces finalistes qui redoutaient ouvertement de boire la tasse, il s'en trouverait finalement beaucoup pour reconnaître qu'ils avaient eu du bol...

Oh ! my darjeeling...

Certes, il y eut bien, unique signe indien à vaincre sur un parcours qui tenait de l'autoroute plus que du sentier de la guerre, le « darjeeling ». Gageons pourtant que ce n'est pas ce sachet-là qui aura ému des candidats accoutumés, au cours de leurs révisions, à mettre le paquet !

À quelque chose, d'ailleurs, bonheur est bon : ce joli texte aura réconcilié avec la dictée de compétition tous ceux qui s'en étaient détournés sous prétexte qu'elle faisait la part un peu trop belle aux mots « à coucher dehors avec un billet de logement ». Et qui sait ? Peut-être contribuera-t-il à susciter quelques vocations chez tous ces modestes qui, jusqu'ici, déclaraient pudiquement que des joutes aussi élitistes n'étaient pas leur tasse de thé ! Après tout, l'orthographe n'a pas à devenir un délit d'initié...

 

Retrouvez cet article (avec la photo qui l'accompagne) dans sa présentation originale, tel que La Voix du Nord l'a publié.