Nénuphar academy

(Cambrin, 2002)

Ils ont bonne mine, ces passéistes pour qui Cambrin s'écrira toujours en lettres de charbon ! Ne voilà-t-il pas qu'à l'initiative de la municipalité un marais, synonyme de balades et d'oxygène retrouvés, est mis gracieusement à la disposition de ses habitants ? Pouvait-on rêver meilleur antidote aux pollutions réitérées de la Star Academy ? Vous voulez sauver Anne-Laure, tapez un ; vous voulez sauver Georges-Alain, tapez deux ; vous voulez vous sauver vous-même, tapez-vous un cent mètres dans les sentes, aux antipodes exacts de la télévérité et de ses détestables prime times !

Infinies en effet sont les délices que procurent, même fugaces, les retrouvailles avec la nature ! Il suffit de quelques profondes inspirations pour évacuer les miasmes qu'a engendrés une semaine de dur labeur ; d'une rainette qui coasse pour que s'estompent les barrissements dont résonne notre marigot politique, tous les mercredis après-midi ; d'un ou deux cui-cui pour que, comme par enchantement, s'envolent ces arias auxquels nous ne sommes que trop souvent en butte. Et quelle récompense, quel doux bruit pour l'oreille que ce pic qui frappe l'écorce dans cet îlot de beauté !

Certes, il se trouvera des originaux pour meubler autrement les novembres maussades ; des assoiffés de grammaire qui se plongeront plus volontiers dans les temps que dans la mare. Dussent-ils s'embourber dans les calembours vaseux de leur bourreau attitré, ceux-là préféreront toujours la lise à la tourbe, le nélombo au nénuphar, l'æschne à la libellule. Il est même à craindre, pour peu qu'on les convainque finalement de tremper le fil, qu'ils ne jugent digne de leurs bourriches que la poiscaille — brèmes, vandoises et silures — susceptible de les faire pécher. C'est que chez eux la nature s'est laissé phagocyter par la culture !

 

TEST

Évidemment, ce n'est pas à Cambrin que l'on va choper la dengue, le palu encore moins ! Inutile de s'embarrasser de moustiquaires perfectionnées quand on n'a à combattre que de banals diptères...

Les antisèches, en revanche, pourraient n'être pas superflues : contaminés ou non, les anophèles qui susurrent dans ce marais en piqueront plus d'un sur l'orthographe. Ces bestioles, ça trompe énormément !

Pas d'affolement, cela dit, chez les pros : la seule chose qui pût donner des boutons à ces pur-sang, ce serait qu'ils ne sussent pas écrire « maringouin » ou « stégomyie »... Mais ils se sont fait vacciner depuis longtemps et le roi n'est donc pas leur cousin !