Il y a de l'Hugo dans l'air...

(Merville, 1996)

Quel beau cadeau de Noël que le dernier-né des studios Disney ! Quoi que l'on pense de ces superproductions typiquement américaines, quelle que soit notre méfiance après les trahisons qu'ont déjà subies les chefs-d'œuvre de notre littérature, cet intermède de poésie tombe à pic... Puisse le cabri de la gracieuse bohémienne nous faire oublier, ne fût-ce qu'un instant, nos vaches folles ! Puissent les éclats joyeux des foules d'antan couvrir ceux, d'une tout autre gravité, de ces satanées bouteilles de gaz !

Car cette histoire n'est pas seulement celle d'une cathédrale, quelque séduisants que soient son chevet, ses tympans gris clair, ses gargouilles dégouttantes de pluie. C'est aussi celle d'un Paris moyenâgeux, avec ses baladins, ses marionnettistes et ses culs-de-jatte... Sans oublier les coupe-jarrets, tire-laine et autres escarpes rusés qui, se faufilant entre les échoppes, détroussaient le chaland sans crainte de se faire choper. Et vous voudriez que l'on fît la fine bouche, sous prétexte que ce dessin animé là est l'œuvre des Yankees ?

D'autant que, quand nombre d'entre nous ne songent plus qu'à se taper la cloche, le carillonneur boiteux de Notre-Dame fait entendre la voix des exclus... N'en est-il pas le plus convaincant des porte-parole ? S'il lui arrive, vu sa gibbosité, de se cloîtrer dans sa tour, si ses amours déçues lui donnent parfois le bourdon, il n'en roule pas moins sa bosse de stalle en confessionnal, du maître-autel aux fonts baptismaux... Pour un peu, le pitre lirait l'épître et, l'amict sur les épaules, dirait la messe à la place de l'archidiacre ! Bel exemple de réinsertion...

 

TEST

Il n'y a guère qu'à Merville que l'on sache, sans tomber dans les chatteries, mener la vie de château, goûter le chablis, porter un schako, boire avec un chalumeau, distribuer des châtaignes, pêcher au chalut, introduire un châlit dans un chalet, recouvrir un fil de chatterton, repeindre ses châssis, jouer du shamisen, manger du chaource et des chabichous, se faire opérer d'un chalazion, repérer le chas d'une aiguille, danser des cha-cha-cha... et venir à bout de ce chatoyant charabia, né de l'imagination détraquée d'un authentique chameau. Chapeau, les Caous !