Histoire d'eau

(Nivelles, 2019)

Décidément, la Belgique a un incroyable talent ! Non contente de faire tchatcher les chats, dont le plus illustre spécimen promène négligemment, de bulle en bulle, ses conciliabules affétés ; d'avoir, sur la route de leur seconde étoile, fichu une peur bleue aux footeux d'outre-Quiévrain quand au final, ou plus exactement en demi-finale, ses Diables se seraient laissé piéger par des adversaires autrement ficelles qu'eux ; de se passer sans dommage de gouvernement pendant quelque cinq cent quarante jours (il se pourrait même que l'on fît mieux sous peu), elle semble s'être à présent juré, alchimiste d'un nouveau genre, de changer une flotte infâme et malpropre en eau minérale !

C'est en Flandre-Occidentale que se serait produit cette espèce de miracle, un restaurateur du cru ayant cru bon, pour confectionner ses cappuccinos maison et remplir à ras bord ses carafes, d'user d'une eau fraîche émoulue de ses lieux d'aisances. Des éviers plus ou moins craspecs de ses arrière-cuisines, également, ce qui n'est pas davantage fait pour tranquilliser le pèlerin. Il semblerait pourtant que, filtré puis débarrassé de ses impuretés, le breuvage en question finît par ne plus sentir ni égout ni latrines : force fut aux clients en personne d'admettre qu'ils n'y auraient vu goutte si l'on n'eût pris la précaution de les avertir de cette peu affriolante retenue à la source...

Il n'empêche ! Pour que l'auteur de ces lignes (un bec fin qui a toujours mis l'ale au-dessus de la cuisse) éprouvât le besoin subit d'aller poser son coccyx du côté de Coxyde, il préférerait trouver sur la nappe des gargotes, plutôt que du château-la-pompe tiré à la chasse, une de ces bières qui font la cote du royaume — pils, kriek ou trappiste au premier chef, lui-même n'étant pas trop faro. Qu'il siée cependant de se méfier va de soi : au dire des gazettes enclines à mettre la pression sur des ouailles vite affolées, l'eau de la vaisselle et des goguenots, chez notre amphitryon flamand, entrait aussi dans le moût ! Mais que n'inventerait-on, il est vrai, pour se faire mousser ?

 

TEST

Écrivez correctement les mots qui suivent, dont la fin est à chaque fois une nouvelle histoire... d'O !

- artichaut, badaud, panonceau, coteau, antihéros ;

- distinguo, sarrau, batardeau, bihoreau, gruppetto ;

- parados, karbau, barranco, laptot, rébétiko.