Finale des Dicos d'or sur France 3

Le Nord à l'assaut de l'Hôtel de Ville

Finale nationale 2003
(Hôtel de Ville, Paris)
dimanche 25 janvier 2004

Chacun sait que depuis deux ans, sous l'impulsion du nouveau maire de la capitale, l'Hôtel de Ville est devenu l'étape préférée des noctambules parisiens. Mais pour bien des téléspectateurs, il est à craindre que la fameuse « Nuit blanche » ne vire ce soir au cauchemar. C'est en toute impunité, en effet, que Bernard Pivot y remuera le couteau dans la plaie de nos lacunes orthographiques, puisque s'y tiendra dès 17 h 5, sous l'objectif volontiers fouineur des caméras de France 3, la finale des Dicos d'or 2003.

Une succession difficile

Quand, de Ravaillac aux sergents de La Rochelle, les lieux auraient jadis abrité nombre d'exécutions capitales, il faut espérer que les six champions du Nord-Pas-de-Calais ne s'y rendront pas en victimes expiatoires ! C'est que le défi s'annonce malaisé, les hostilités de 2002 s'étant, qui ne s'en souvient, soldées par un triomphe pour nos couleurs : deux Dicos d'or pour la Dunkerquoise Julie Breton et le Faches-Thumesnilois Claude Vanhaverbeke, un Dico de bronze pour la Roncquoise Delphine Van Brackel, rêver mieux reviendrait à croire au père... Delanoë ! Et pourtant, elle a fière allure, l'équipe septentrionale... Juste ce qu'il faut d'expérience avec Aline Vanhaverbeke, la fille du susnommé : pour participer, à dix-sept ans seulement, à sa troisième finale nationale, celle-là compte bien démontrer que l'orthographe est affaire de gènes autant que de plaisir ! Sinon, de la fraîcheur et de l'enthousiasme à revendre, puisque ce sera, pour tous les autres, le baptême du feu. On s'en serait douté pour le précoce Matthieu Steinecker (douze ans), qui talonnera de près le benjamin du jour. Ce jeune Lillois a beau confesser, c'est de son âge, un faible pour les jeux vidéo, ne comptez pas sur lui pour les affubler d'un s ! On n'en sera pas davantage surpris pour les représentants de la catégorie cadets scolaires : Noémie Calais, de Saint-Tricat, et Jean Gilloots, de Sacriquier, n'ont guère qu'un an de plus mais, pour l'avoir emporté à Compiègne, ils affichent déjà la sérénité des briscards. La première fonde ses espoirs sur la lecture, que parachèvent des visites assidues au dictionnaire ; le second a mobilisé les énergies — parents, professeur, camarades de club — pour se jouer enfin des subtilités de l'accord du participe passé !

Vous avez dit « seniors  » ?

Le baptême du feu allait moins de soi pour les seniors, mais ce qualificatif sied-il à qui n'avoue que vingt-sept printemps ? Julien Soulié, professeur de lettres à Hem, pourra toujours se targuer d'être l'un des plus jeunes finalistes professionnels de toute l'histoire de la compétition ! Quant à la fringante sexagénaire Thérèse Llinares, de Douchy-les-Mines, qui aura la lourde tâche de veiller sur cette marmaille, elle se promet de vivre l'événement comme la juste récompense d'une passion pour les mots qui ne s'est jamais démentie.

Reste à souhaiter, pour que la fête soit complète, que le maire d'un jour n'ait pas la main trop lourde. Il est vrai qu'il suffira à ses administrés de pousser la porte pour se retrouver... en Grève. N'est-ce pas là le nom que portait hier la place jouxtant l'Hôtel de Ville ?