Cent soixante-deux finalistes
ont participé aux Dicos d'or à l'Opéra-Comique

Que d'arias !

Finale nationale 1996
(Opéra-Comique, Paris)
dimanche 15 décembre 1996

Pour qui se souvient des divers lieux mythiques qui, depuis 1985, ont jalonné le parcours des championnats d'orthographe, le choix de l'Opéra-Comique, pour cette finale des Dicos d'or 1996, avait de prime abord de quoi surprendre : hormis les habitués, il ne se trouve plus beaucoup de Parisiens pour situer l'édifice, et encore moins pour se souvenir que le boulevard des Italiens, tout proche, doit son nom à la troupe que jadis il hébergea...

À y bien regarder, pourtant, pouvait-on rêver mieux que ce temple de l'art lyrique pour rassembler les ténors de l'orthographe française ?

Sur la scène, Bernard Pivot avait troqué, non sans une visible satisfaction, la blouse grise de ses débuts contre l'uniforme du maître chanteur. À ses côtés, Catherine Matausch jouait les divas d'un soir.

Entourant ce duo, un parterre de personnalités mi-fiérotes, mi-pâlottes, venues courageusement tester leurs connaissances orthographiques mais se réservant de crier « Doucement, les basses ! » dès que la situation deviendrait grave. Enfin, le chœur des anonymes, plus que jamais décidés à abandonner leurs fauteuils d'orchestre pour les premières loges, et lorgnant déjà, à la hauteur du lustre, le paradis promis aux vainqueurs. (Parmi eux, quelques-unes des plus belles... voix du Nord, triées sur le volet de la demi-finale lilloise du 9 novembre dernier.)

Il ne restait plus à tout ce beau monde qu'à découvrir le livret car dans cet opéra pas comme les autres, une fois n'est pas coutume, ce sont les paroles qui comptent : la musique, les concurrents ne la connaissent que trop et chacun sait depuis longtemps que Pivot ne manque pas d'airs !

Les couacs, d'ailleurs, ne devaient pas tarder et l'on comprit bientôt que le thème de cette dictée n'aurait qu'un lointain rapport avec le décor du jour. Adieu basses-tailles, hautes-contre, mezzo-sopranos, auxquels les cent soixante-deux finalistes s'étaient si studieusement préparés ! Bonjour, les pans-bagnats, dents-de-lion, blancs-becs, qui n'étaient pas, eux, prévus au programme ! Avec, en prime, une varice des plus tortueuses (pas de... veine, ceux qui, distraits, ont écrit « Au diable l'avarice ! »). Voilà qui ne manquerait pas d'alimenter la traditionnelle cabale du soir, lors des résultats.

En attendant, les candidats floués auraient toujours le loisir de visiter la buvette : et si, pour oublier ça, on se faisait... un petit opéra bouffe ?