À la fortune du mot

< mardi 27 août 1996 >
Vocabulaire

Le provençal n'a pas pour seule vocation de nous faire commettre des erreurs : il a aussi doté notre lexique de mots qui chantent. On ne s'étonnera pas que calisson, farandole, galéjade, rascasse, santon, troubadour, sans oublier la bartavelle si chère à Pagnol, soient du lot. Mais l'eût-on deviné pour ceux qui suivent ?

Amadou. En provençal, le terme signifie amoureux. Il est vrai que le cœur de ce dernier s'enflamme aussi sûrement que la mèche du briquet...

Gavotte. Cette danse de cour avait des origines autrement modestes, puisque le provençal gavot s'appliquait aux goitreux et, par extension, à l'ensemble des montagnards. Le manque d'iode les prédisposait en effet à ce genre d'affection.

Luzerne. Elle doit son nom au provençal luzerno, lequel désignait (et désigne encore dans les patois d'aujourd'hui) le ver luisant. Sans doute, hasardent les spécialistes, à cause de l'aspect brillant des graines de la plante...

Mascotte. Ce porte-bonheur qui a fourni son titre à une opérette célèbre d'Edmond Audran a pour géniteurs les provençaux masco (magicienne) et mascoto (sortilège, envoûtement).

Rossignol. N'en déplaise à la Castafiore, celui-là est plus provençal que milanais ! Quand il ne renvoie pas à l'oiseau favori des troubadours, le mot s'applique au passe-partout (parce que la clef chante alors dans les serrures ?) ou au livre invendu (remisé dans les plus hauts casiers comme le rossignol se trouve perché sur la plus haute branche ?)...