À la fortune du mot

< mardi 1er novembre 2005 >
Vocabulaire

Si la gent ailée souffre aujourd'hui mille morts, elle a connu des jours meilleurs, notamment au sein de notre lexique. Tour d'horizon...

Comme un coq en pâte. « À l'image, nous explique Bernard Galey dans son ouvrage Du coq à l'âne (Tallandier), de la volaille que la cuisinière couche dans un lit de pâte, ne lui laissant dépasser que la tête, avant de la passer au four. »

Bayer aux corneilles. C'est — attention à l'orthographe de bayer, qui signifie ici « rester bouche bée » — perdre son temps, la corneille ne présentant guère d'intérêt pour le chasseur.

Maigre comme un coucou. Expression d'autant plus inattendue que le coucou est un oiseau à l'appétit insatiable ! Les Provençaux, d'ailleurs, n'hésitent pas à prendre le contre-pied de cette locution en disant, eux, « gras comme un coucou ». Confusion avec « maigre comme un clou » ?

Mariage d'épervier. Voilà qui se dit d'un mariage où c'est Madame qui porte la culotte. Chez les oiseaux de proie, en effet, la femelle est généralement plus forte que le mâle !

Pousser des cris d'orfraie. Encore une confusion, et de taille, puisque l'organe de l'orfraie, rapace diurne, n'a rien qui puisse défrayer la chronique. Il n'en va pas de même de celui de l'effraie, et c'est certainement à celle-ci que l'on pensait en l'occurrence...

De la roupie de sansonnet. On sait que roupie s'applique à la chandelle qui pend au nez du morveux. Mais pourquoi diable avoir fait de celle du sansonnet le symbole même de l'insignifiance ? Bernard Galey, toujours lui, risque une explication personnelle qui a du moins le mérite de l'originalité. Il s'agirait là d'une attraction de « roupette », les testicules d'étourneau ne pesant pas lourd !