À la fortune du mot

< mardi 4 juin 1996 >
Vocabulaire

Les fautes, qu'elles soient d'inattention ou non, sont aussi diverses que les mots pour les désigner. Florilège :

Bévue. Comme son nom ne l'indique que trop, cette sottise-là résulte d'une mauvaise appréciation visuelle : le préfixe , issu du latin bis, a une valeur nettement péjorative. Alain Rey précise que l'époque classique réservait plus particulièrement son emploi au jeu d'échecs.

Bourde. Le risque n'est pas mince, ici, d'en commettre une, tant l'étymologie du mot est douteuse. D'aucuns le rattachent à un hypothétique burda latin (bruit pour attirer l'attention). D'autres invoquent le gallo-roman burrita (fétu). Une seule chose semble sûre : avant de prendre son sens actuel, le mot traduisait plutôt la vantardise, le mensonge.

Gaffe. Abstraction faite de tout chauvinisme, nous nous devons de souligner ici que la gaffe est méridionale : selon Pierre Guiraud, c'est le verbe provençal gafar qui serait à l'origine du double sens du mot : « perche pour passer un gué » et « maladresse de celui qui patauge » dans ledit gué !

Impair. Au risque de décevoir Verlaine, qui le trouvait poétique, on préfère l'éviter ! C'est du jeu que le mot tirerait son sens de « maladresse choquante », la locution faire un double impair signifiant « choisir deux fois de suite l'impair », par erreur ou imprudence...

Boulette. Quand, en désespoir de cause, on se serait raccroché à celle que confectionnent les chahuteurs, le passage au sens figuré n'a reçu aucune explication satisfaisante. Mystère et... boulette de gomme !