Entrefilets de merlan

< mardi 20 mai 2003 >
Vocabulaire

Langage imagé que celui du coiffeur ! Son surnom, en argot, est à lui seul un programme : on en faisait autrefois, chacun le sait, un merlan, sous prétexte que le perruquier était couvert de poudre, comme le poisson de farine au moment d'être frit. L'attestent encore ces locutions, « pêchées » dans le récent Parler des métiers de Pierre Perret (Robert Laffont) ou ailleurs...

Caniche. On désigne par là, dans le jargon du métier, une permanente trop frisée. On parle aussi de chicorée, de permanentes mouton ou Ginette, ce prénom étant injustement appelé à la rescousse pour symboliser une coupe plutôt ringarde.

Donner une structure. Pas plus que les autres, le milieu de la coiffure n'échappe à la préciosité du langage. Vous ne voudriez pas que l'on continue, des plus platement, à « couper les cheveux » ?

Être dans la sauce tomate. C'est préparer une teinture !

Grossesse nerveuse. Il s'agit tout bonnement d'un gros chignon. De dimensions plus modestes, il se métamorphose en petite crotte ; raté et aplati, en pizza.

Monter en choucroute (ou choucrouter). En d'autres termes, donner du volume et de la hauteur à une coiffure.

Ne plus avoir d'alfa sur les hauts plateaux. L'alfa, faut-il le rappeler, étant une herbe d'Afrique du Nord et d'Espagne, voilà l'une des plus pittoresques façons d'évoquer une calvitie. On citera également n'avoir plus de paille sur le tabouret. Quant à celui qui devient chauve sur le devant du crâne, on dit de lui (bel euphémisme, là encore) qu'il a le front qui recule !

Passer à la cuisson. Cela reviendrait à mettre la tête de la cliente sous le casque, afin de lui sécher les cheveux.

Se faire laver la conscience. N'y a-t-il pas là plus de poésie que dans le banal « se faire shampouiner » ?