À la fortune du mot

< mardi 13 février 1996 >
Vocabulaire

Saint-Valentin oblige, les étymologies du jour feront dans le tendre et le coquin  !

Câlin. Petit ou gros, il se doit d'être chaleureux. C'est qu'il dérive du normand caliner, qui signifiait jadis « se reposer à l'ombre pendant les grandes chaleurs ». Cette ombre-là ne devait pas refroidir toutes les ardeurs puisque le mot, outre l'accent circonflexe, a pris le sens caressant que l'on sait.

Béguin. Avant de désigner une amourette sans lendemain, il n'était que la coiffe des béguines, ces religieuses vivant en communauté sans prononcer de vœux. Mais de même que l'on se coiffe ou que l'on se toque de quelqu'un, il était fatal que l'on s'embéguinât !

Dorloter. Au même chapitre des étymologies tirées par les cheveux, rappelons que le dor(e)lot était autrefois une grosse boucle relevée sur le front. Le verbe, alors, signifiait « friser au fer ». Une manœuvre qui devait requérir bien des soins si l'on en juge par le sens que dorloter a pris depuis lors...

Oaristys. Le joli mot que voilà ! Et comme, grâce à son orthographe alambiquée, il couvre d'un voile pudique les émois amoureux qu'il est censé décrire ! La difficulté, du reste, n'est qu'apparente : comme son synonyme idylle, le terme est féminin. Et comme dans idylle, le i précède le y...

Layette. Car c'est ainsi, souvent, que tout finit ! Sait-on toujours que la layette était à l'origine un coffret, un tiroir où l'on rangeait de menus objets ? Par métonymie, le mot a fini par désigner le contenu dudit tiroir, et en particulier le linge du nouveau-né. Peut-être parce qu'il y tenait aisément ?