À la fortune du... hameau

< mardi 27 juillet 1999 >
Vocabulaire

Pas plus que la valeur n'attend le nombre des années, la poésie n'est fonction de la taille de l'agglomération. État des lieux :

Ville. Le plus plat des mots en apparence, mais ne vous y fiez pas ! Faut-il vraiment rappeler que ce porte-drapeau de la civilisation urbaine est en fait un transfuge ? La villa qui lui a donné naissance n'était autre, en latin, que la ferme, le domaine rural. Voilà qui fera plaisir à nos humoristes, lesquels ne croyaient pas si bien dire quand ils recommandaient ironiquement de construire les villes... à la campagne !

Bourg. Qu'il ait subi, par latin interposé, l'influence du grec purgos, « tour », ou du germanique burg, « ville fortifiée » (dont descend aussi l'actuel borough anglais), la vocation défensive de celui-là ne fait aucun doute à l'origine. Elle s'estompera par la suite, le terme ne désignant plus qu'un gros village accueillant les marchés. Nos bourgeois lui doivent tout...

Hameau. Un vocable bien de chez nous, puisqu'il est issu de la langue d'oïl et s'applique uniquement à une agglomération rurale de la France du nord. Il est vrai que l'ancien français ham, dont il est le diminutif, est le cousin germain (c'est le cas de le dire !) de l'allemand Heim, « domicile », comme de l'anglais home...

Patelin. Si l'on vous dit qu'il est né du pastis, ne l'enviez pas trop vite : ce dernier n'est que l'ancienne orthographe de pâtis, ce pâturage dont les dimensions réduites sont pour beaucoup dans la connotation dépréciative qui s'est attachée au terme depuis le XIXe siècle, l'assimilant ou presque, dans les langages argotique et familier, aux peu gratifiants bled et trou !