Quèsadico ?

< mardi 18 mai 2004 >
Complément

Nos lecteurs nous pardonneront de ne pas leur soumettre, cette semaine, leur ration habituelle de jeux : il est des thèmes qui ne prêtent pas à jouer, fût-on animé des meilleures intentions du monde. À titre de compensation, c’est à un jeu de piste que nous les convions, au cœur de cette jungle que constituent nos dictionnaires. Nous avons en effet cherché à savoir dans quelle mesure ces derniers s’étaient montrés réceptifs aux sirènes de la féminisation, et ce dans un domaine réputé machiste : l’armée. Chez Larousse, circulez, il n’y a pas grand-chose à voir ! Les seuls grades à s’être vu offrir une forme féminine sont ceux de capitaine, de caporal (caporale) et de brigadier (brigadière). Voilà qui ne manquera pas d’attiser les soupçons des féministes, prompt(e)s à insinuer que l’on féminise plus volontiers... le bas de l’échelle ! Maréchale, générale et colonelle n’ont en tout cas droit de cité ici qu’en tant qu’épouses de leurs seigneurs et maîtres. Quant à l’adjudant-chef, et tant pis pour Corinne Touzet, il porte toujours des moustaches... Chez Robert, en revanche, chacun, ou presque, a reçu sa chacune : de la sergente à l’amirale en passant par l’adjudante, tout a été fait pour rendre hommage à MAM, notre « sémillante » ministre de la Défense. Avec, cela dit, quelques incohérences qui surprendraient si l’on ne savait depuis longtemps que la rigueur n’est pas la vertu cardinale de nos lexicographes. Pourquoi maréchal, aspirant et major restent-ils masculins ? Pourquoi générale ne doit-il son salut qu’à une citation du Monde ? Pourquoi soldate est-il traité de « familier » quand lieutenante est dit « moderne » ? La femme est l’avenir de l’homme, c’est entendu, mais tout le monde, visiblement, ne lit pas cet avenir dans le même marc...