Ces ou ses ?

< mardi 29 novembre 2005 >
Complément

Faute d’inattention, a supposé Bernard Pivot... Comment expliquer autrement, en effet, qu’un possessif des plus triviaux ait pu départager deux candidats qui s’étaient jusqu’alors joués de toutes les difficultés lexicales qui leur avaient été proposées ? Une lecture rapide du troisième test vient en effet confirmer que ledit possessif est la solution la plus simple. Et l’hypothèse de l’étourderie est d’autant plus plausible qu’à ce stade de l’épreuve – le troisième test, qui n’est censé être décisif qu’en cas d’ex æquo à la dictée, au QCM, au premier test, puis au second –, on ne se relit guère pour se concentrer sur l’essentiel, à savoir sur la dictée...

Pour autant, le recours au démonstratif était-il exclu ? Certains champions en doutaient après l’épreuve, à commencer par le vainqueur, principal bénéficiaire pourtant de cette supposée « confusion ». C’est que, comme le note Grevisse, un démonstratif ne renvoie pas nécessairement à un contexte antérieur. Dès lors qu’il introduit un substantif accompagné d’une épithète (comme bien-aimés), il arrive qu’il ne joue qu’un rôle expressif. Était-il impossible de considérer ici que les kaoliangs n’étaient pas seulement « bien aimés » du jardinier mais qu’il s’agissait d’un jugement de valeur plus universel ? N’écrirait-on pas, d’ailleurs, avec un démonstratif, « ces satanés, ces damnés kaoliangs » ou, à l’inverse, « ces kaoliangs si prisés » ? Il n’entre pas dans nos intentions, est-il besoin de le préciser, de contester une décision que nous avons acceptée avec un sourire d’autant plus franc que d’autres points, dont ont pâti d’autres concurrents, ne faisaient pas davantage l’unanimité. Seulement de rappeler qu’en matière de grammaire et de stylistique, les choses sont souvent moins simples qu’il n’y paraît de prime abord...