À la fortune du marmot

< mardi 2 juillet 2002 >
Complément

L'article d'aujourd'hui en est une nouvelle illustration, les mots ne seront jamais des Kleenex dont on se débarrasse après usage. Ils ont une histoire, une personnalité, une âme. Une gueule. Plus tôt on en persuadera les enfants, plus profonde et plus fructueuse promet d'être, plus tard, leur relation avec la lecture. Comment, dès lors, ne pas applaudir à l'initiative de Jean-Luc Dellacherie, professeur à l'école des Blancs Mouchons de Douai ? Voilà deux ans qu'il exhorte élèves de CM1, de CM2 et même de CE1/CE2 à forger, à l'exemple de Lewis Carroll, des mots-valises, puis à les illustrer et à en imaginer les définitions. Le tout vient de faire l'objet d'une plaquette en couleurs, réalisée grâce au parrainage de la Société douaisienne des transports et préfacée, s'il vous plaît, par l'un des maîtres du genre, Jean-Loup Chiflet. Le directeur de la collection Mots et Cie, souvent évoquée dans ces colonnes, ne pouvait qu'être enthousiasmé, il est vrai, par les trouvailles pleines d'humour que renferme cette si bien nommée Malle aux marmots. Comment résister à ce verbivore, « mammifère se nourrissant de feuilles de Bescherelle » ? À cette « bête de scène », si opportunément rebaptisée musichien ? Ou encore à ce cinématelas, salle de spectacle censée ne « diffuser que des films ennuyeux » ? Tous ceux qui ont souffert par le calcul trouveront sans doute que le mot traumathisme aurait dû être inventé plus tôt. Le médicamensonge vengera mieux que de longs discours les naïfs qui, un jour ou l'autre, se sont laissé berner par des remèdes de charlatan. Quant à ce curieux canarbre, ses « feuilles palmées » ne laisseront personne insensible, quand bien même il ne devrait pas rester le seul de son espèce : palmés, il n'est pas rare que des enseignants particulièrement dynamiques et inventifs le deviennent à leur tour...