Attention : à graphie différente,
signification tout autre !

< dimanche 1er octobre 2023 >
Chronique

Le 11 août, on pouvait lire sur le site de la FFF (Fédération française de football) que nos Bleues affronteraient l'Australie dans « de toutes autres dispositions » que lors du match de préparation.

On sait aujourd'hui que cela n'a pas suffi à prolonger leur rêve de titre mondial, mais là n'est pas ce qui motive la chronique d'aujourd'hui. Il s'agirait bien plutôt de rappeler que l'orthographe ne sert pas seulement à torturer les potaches, mais aussi et surtout à guider la compréhension du lecteur. Encore faudrait-il que le scripteur maîtrise lui-même les règles afin de lui faciliter la tâche !

La chose se révèle particulièrement cruciale quand on a affaire à un mot comme tout, peut-être le plus piégeux de la langue française. N'est-il pas tour à tour adjectif, pronom, adverbe et quelquefois même nom, avec toutes les conséquences que cela entraîne sur son orthographe et son accord éventuel ?

Vous aurez déjà compris que, dans l'exemple que nous citions ci-dessus, l'accord dudit tout avec le féminin pluriel dispositions constituait bel et bien une faute, aussi fréquente qu'inexcusable. Que faut-il comprendre, en effet ? que les Françaises allaient revenir dans des dispositions « complètement autres, tout à fait différentes ». Il n'est que trop clair que tout est ici adverbe et, comme tel, invariable.

Non que ce soit toujours le cas devant l'adjectif autre, il s'en faut d'ailleurs de beaucoup : les sites juridiques de la Toile regorgent de formules comme « sous réserve de toutes autres dispositions légales », à raison cette fois. Car il n'échappera à personne qu'il ne s'agit plus en l'occurrence de l'adverbe mais de l'adjectif indéfini qui signifie « chaque, n'importe quel » : on fait ici allusion à toutes les autres dispositions déjà existantes, quelles qu'elles soient !

Tout irait pour le mieux dans le plus cohérent des mondes possibles si, hélas, et pour ne point choquer l'oreille, l'adverbe tout, dérogeant pour la circonstance aux obligations de sa caste, ne devait s'accorder devant un adjectif commençant par une consonne ou un « h » aspiré. Il est à redouter que ces dames ne se disent… toutes déçues, voire toutes hérissées, après s'être senties tout heureuses de nos explications. Mais ne répète-t-on pas depuis toujours qu'il faut des exceptions pour confirmer une règle ?