Pour que l'homme
n'aille pas faire la bête,
évitons de le « parquer » !

< dimanche 17 octobre 2021 >
Chronique

On sait que la commission de discipline de la LFP (Ligue de football professionnel) a récemment décidé la fermeture provisoire de certains « espaces visiteurs », dont celui du LOSC pour les déplacements à venir.

S'il faudra sans doute bien autre chose que ce réajustement lexical pour ramener le calme au sein de tribunes d'autant plus chaudes qu'elles sont restées longtemps désertes (confinement oblige), reconnaissons humblement que le mot parcage, plus spontanément usité dans les milieux sportif et journalistique, est bien propre, de façon subliminale, à entretenir les tensions déjà existantes.

Il suffit en effet d'ouvrir un de nos dictionnaires fétiches pour constater que l'humain est le grand absent de l'entrée parcage. Chez Larousse comme chez Robert, on parque des voitures... ou des animaux. Et quand bien même nos lexicographes nous parleraient souvent de moutons (on nous rappelle opportunément qu'au sens agricole du terme ledit parcage est un moyen de fertiliser le sol grâce à leurs déjections nocturnes), ces derniers nous paraissent des plus inappropriés pour représenter une catégorie de supporteurs peu encline, en général, à se laisser tondre la laine sur le dos !

Certes, l'entrée parquer ratisse plus large en proposant, du bout du stylo, une extension de sens qui, dans son infinie magnanimité, entrebâille la porte à l'homme. Mais la dimension péjorative est alors patente, puisqu'il est clairement question, dans les exemples fournis par la suite, de parquer des réfugiés, des prisonniers, voire... des esclaves ! On a connu promotions moins empoisonnées...

Comme si tout cela ne suffisait pas, il faut encore que ce mot douteux et dévalorisant rime avec cage, ce à quoi, force est ici de l'avouer, ressemble furieusement la zone en question. On nous rétorquera avec raison qu'il importe de se prémunir contre le comportement de certains supporteurs insupportables et qu'en l'occurrence mieux vaut prévenir que guérir. Cela dit, il ne sert à rien d'en rajouter dans la provocation lexicale... et orthographique ! C'est que les mots de cette rime n'en sont pas à un caprice près : masticage mais astiquage, déblocage mais matraquage, décorticage mais décalquage. Inutile de tenter le diable, les colonnes de nos journaux (hormis celles de La Voix du Nord, bien sûr !) sont suffisamment riches en surprises de toutes sortes...