En attendant Pivot...

Jeux de nains, jeux de vilains !

< mardi 2 décembre 1997 >
Chronique

À la veille de la finale des Dicos d'or, nous croyons de notre devoir de préparer nos lecteurs par le biais de ce texte de notre cru, dicté samedi dernier à Nivelles (autorisation parentale souhaitable pour la fin !).

« Oyez, gentes dames et gentils damoiseaux, l'extravagante — et ô combien cruelle — aventure de ces malandrins qui, des mois durant, se sont plu à enlever les nains, prétendument opprimés, qui peuplent nos jardins, pour les reconduire à l'orée d'une forêt que, selon eux, ils n'auraient jamais dû quitter... La France tout entière s'en est émue, balançant continûment entre canular et cauchemar : c'est que, débarrassées de ces taches bleues, orange ou rouge vif qui font l'essentiel de leur charme, nos pelouses, quelque bichonnées qu'elles soient, ont tôt fait de ressembler à un gazon maudit !

Faut-il préciser que, dans ce micmac, lesdits nains furent les seuls à être ravis ? Pénates profanés, coings fauchés, semis piétinés, voilà qui n'eut pas l'heur de plaire aux particuliers, prompts à l'ire, qui s'étaient vu subtiliser leurs gnomes bien-aimés. Cette espèce de rapt ne fut pas davantage goûté d'une justice tatillonne, laquelle, loin de passer l'éponge, condamna les brigands en herbe, qui ne s'étaient pourtant livrés à aucuns sévices, à de lourds travaux d'intérêt général. La sentence ne dit pas si, à l'instar de leurs illustres protégés, il leur faudra, pour être définitivement absous, les accomplir en sifflotant !

Les seuls, jusqu'aujourd'hui, à n'avoir convoqué ni huissier(s) ni recors sont les férus d'orthographe. Non qu'ils fussent plus timides que grincheux. Mais cette histoire d'apprentis escarpes s'égaillant dans l'aiguail et sillonnant de-ci de-là les tortillères ne valait pas, à leurs yeux, que l'on s'époumonât... Ces troènes saccagés, quels remarquables prolégomènes à une étude de la topiaire ! Quant à ces birbes barbus que l'on soustrait, par le bonichon, à leurs habituels piédouches, ne sont-ils pas les cicérones rêvés pour un retour aux sources et à la sylve ? Comme elle est belle, la langue de bois, quand la parlent la napée et les chèvre-pieds ! »

 

(Les termes en italique font l'objet d'une explication dans le complément.)