Dieu merci, ces notes-là
ne sont pas près d'être supprimées...

< dimanche 21 novembre 2010 >
Chronique

L'orchestre enfin au balcon ! Demain, la Sainte-Cécile. Tout au long de la semaine et dans la France entière, Orchestres en fête !, dont l'ONL, hier sur Wéo et vendredi au Nouveau Siècle, a quasiment donné le coup d'envoi. But avoué de l'opération, menée d'une main sûre par l'AFO (Association française des orchestres) : rendre au commun des mortels la musique plus proche, plus accessible. En un mot, plus humaine.

Le choix de Smaïn pour parrainer ladite opération ne compte d'ailleurs pas pour du... beur : moins solennel, moins guindé que l'humoriste, tu meurs ! C'est qu'à force de se dire grande, la musique a vite fait de paraître inabordable... Et il s'agit bien ici d'« offrir l'orchestre au public, celui qui le connaît mal ou pas du tout, voire en a peur ».

Il est, cela dit, un domaine où la musique n'est pas près d'effrayer : celui du langage. Au contraire, on la pille là sans vergogne, et sans qu'on s'en avise toujours. Elle est à l'aise partout, partout on lui fait fête. Supposons, pour nous en tenir à ce seul exemple d'actualité, qu'il faille rendre compte du remaniement qui, au début de cette semaine, a secoué notre landerneau politique. Voici ce que cela donnerait dans les colonnes de nos gazettes, sous une plume prompte à la métaphore : « Il était une fois un ministre qui, las de faire ses gammes à l'Écologie, aspirait à devenir premier violon. Aussi bien, depuis quelque temps, il n'était plus au diapason. Quoique, chaque mercredi matin, on lui donnât le la, il ne se sentait plus dans le ton. Le tempo des réformes lui-même — qu'avait défini une fois pour toutes un chef d'orchestre que, depuis un jogging estival de sinistre mémoire, l'on savait enclin à la syncope — ne lui convenait plus guère. Il lui tardait de jouer enfin sa propre partition, avec à la clé un peu plus de cohésion sociale. Seul bémol, mais de taille : autour de sa candidature, évoquée d'abord pianissimo, puis mezzo forte par ses lieutenants, ce n'était pas précisément l'accord parfait. On lui reprochait entre autres vilenies d'être à l'origine, sinon de couacs, du moins de quelques dissonances dans le concert gouvernemental. D'avoir une fâcheuse tendance, quand le ciel se couvre et les pompes se vident, à agir en solo pour se garder de toute fausse note. Point d'orgue de la contestation, laquelle alla bientôt crescendo chez les députés : on insinua que ce ténor du centre, qui à tort ou à raison passait pour un épicurien, faisait moins dans l'opéra sérieux que dans... l'opéra bouffe ! Dès lors, tout fut réglé comme du papier à musique. Le malheureux eut beau menacer de tout plaquer et de partir sans tambour ni trompette, le Premier ministre, que plus d'un voyait au contraire se tirer des flûtes, n'en resta pas moins au pupitre. Le hic, c'est que depuis 2007 et l'avènement de qui vous savez, être au pupitre ne signifie plus forcément que l'on soit... à la baguette ! »

Alors coupé de la vie, l'orchestre ? Pas de celle de notre personnel politique, en tout cas. Il est vrai que ces gens-là connaissent la musique depuis toujours !