Le nouveau credo des Britanniques :
« Passe ton mac d'abord ! »

< dimanche 17 février 2008 >
Chronique

Non seulement ça se passe comme ça mais il se passe toujours quelque chose chez McDo ! Il y a moins de trois semaines, on apprenait que la chaîne de restauration rapide était désormais habilitée à décerner, au Royaume-Uni, un diplôme qui équivaudrait au A-Level (le baccalauréat d'outre-Manche) et ouvrirait à son heureux détenteur les portes de l'université... Le temps pour les éternels grincheux d'ironiser sur ce bac à la mie de pain, une nouvelle information tombait sur les téléscripteurs : la même entreprise organise, pour les employés qui rêveraient de découvrir d'autres plateaux que ceux qu'ils se coltinent chaque jour, un concours de chant à l'échelle planétaire. Une sorte de « Star Mac », quoi ! Sans Nikos, certes, et c'est dommage car, dans un tel contexte, il n'aurait pas eu son pareil pour débiter ses salades et faire monter la mayonnaise. Mais avec, à la clé, un joli pactole malgré tout : 25 000 dollars à qui sortira vainqueur de la finale prévue à Orlando, en Floride ! De quoi, jusqu'à ses vieux jours, se restaurer un peu moins rapidement...

Au demeurant, que l'on ne compte pas sur nous pour moquer ce genre d'initiative : c'est qu'il y a de plus vilaines façons, aujourd'hui, de faire chanter ses salariés ! Et puis, si d'aventure ceux-ci reçoivent des tomates au cours des auditions, ils ne seront pas en peine pour les recycler... De surcroît, voilà le prétexte que nous attendions pour soulever dans ces colonnes une question qui nous tarabuste depuis longtemps. Dira-t-on que l'on travaille « chez McDonald's » ou « chez McDonald » ? La première version a le mérite de respecter la raison sociale. Elle n'en constitue pas moins un pléonasme, notre chez étant déjà traduit par cette apostrophe et ce s dans lesquels nombre de lecteurs auront reconnu le cas possessif anglais. Écrire « chez McDonald's », c'est donc prendre en sandwich (juste retour des choses, nous direz-vous !) le nom du restaurateur et exprimer deux fois la même idée, la première dans la langue de Molière, la seconde dans celle de Shakespeare... Et n'allez pas imaginer que de hanter des endroits plus huppés vous préservera de tels dilemmes ! La programmation récente, sur France 2, du célèbre vaudeville de Georges Feydeau a divisé le petit monde des magazines de télévision, les uns optant pour « La Dame de chez Maxim's », les autres pour « La Dame de chez Maxim ». Renseignements pris, c'est bien de cette dernière façon que l'écrivait Feydeau, ce qui tendrait à prouver que ce fin connaisseur de la langue, s'il pardonnait à Maxime Gaillard d'avoir anglicisé son prénom — n'avons-nous pas agi de même pour le pin's, lequel n'a jamais existé que dans nos imaginations d'anglomanes ? —, répugnait à perpétrer le pléonasme susdit... Mais alors faudra-t-il, à supposer qu'il survive à sa dégringolade dans les sondages, que pour fêter sa réélection Nicolas Sarkozy s'arrête... « chez Fouquet », du nom du fondateur, Louis de son si peu British prénom ? Voilà qui, convenons-en, rimerait un peu trop avec troquet et ferait nettement moins bling-bling... Au fond, il est heureux que « McDonald's » s'abrège communément en « McDo » et que, sous l'enseigne du M jaune, on hache les mots aussi allègrement que les steaks...