« Les 500 choristes ensemble »...
et un soliste tout seul ?

< dimanche 26 novembre 2006 >
Chronique

Jusqu'où ira TF1 ? Voilà que la chaîne chérie de l'Audimat, encline à la surenchère dans le domaine du spectacle, se mêle de faire chanter ensemble... des choristes ! Techniquement, il faut l'avouer, la chose ne va pas toujours de soi. Il suffit de prêter l'oreille aux pensionnaires de la Star Academy, qui ne sont pourtant pas cinq cents, pour s'en persuader ! Au chapitre de l'étymologie, en revanche, l'exploit est moins évident... Pis : nous n'aurons pas à nous faire violence pour apercevoir dans ce titre un pléonasme de gala. Point n'est besoin, en effet, de convoquer Robert et Larousse pour savoir qu'un chœur, par définition, suppose une exécution collective. Partant, annoncer « cinq cents choristes ensemble » est presque aussi pertinent que de parler d'une « dune de sable », d'une « congère de neige » ou, cerise sur la pièce montée, d'une « île entourée d'eau de tous côtés » ! Et que prétendrait-on donc qu'ils fissent, ces malheureux choristes ? Qu'ils poussassent la chansonnette à tour de rôle ? Qu'ils s'égosillassent en se tournant le dos ? Qu'ils vocalisassent chacun dans son coin ? Cela dit, on pardonnera de bonne grâce aux stratèges de la Une d'avoir fait fi de ce genre de détail. On devine sans peine que, dès lors qu'il s'agit de « faire de l'audience », le profil d'enfant de chœur n'est pas vraiment requis...

De surcroît, il faut être juste : l'émission, sous le rapport de l'étymologie, n'a pas que des défauts. En nous présentant, par exemple, des choristes qui se trémoussent aussi gaillardement qu'ils fredonnent, elle a notamment le mérite de nous rappeler qu'à l'origine le chœur était affaire de danse autant que de chant. Est là pour en témoigner la chorégraphie — de Kamel Ouali, évidemment, what else ? —, laquelle remonte à la même racine grecque khôros. Il faut d'ailleurs préciser que, ce dernier mot signifiant en grec « emplacement », chœur a vraisemblablement désigné le lieu où l'on dansait et chantait avant de se rapporter, par métonymie comme souvent, au groupe de danseurs ou de chanteurs.

Il n'empêche : s'il prend prochainement à TF1 la fantaisie de consacrer, sous l'égide désormais éprouvée de Christophe Dechavanne et de Sandrine Quétier, une émission — pardon, un prime — aux « 100 titres les plus tartes », gageons que, pour élire le gagnant, il ne sera pas nécessaire de procéder à un sondage !