Les hooligans seront serrés de près
pendant le Mondial allemand de football

Marquage à la (petite) culotte

< mardi 18 avril 2006 >
Chronique

« Faites l'amour, pas la guerre ! » Ce sera, lors de la Coupe du monde de juin prochain, le credo des forces de sécurité allemandes, pour qui les passes les plus décisives semblent devoir se dérouler hors des terrains : plutôt que d'entasser, en effet, les hooligans dans des prisons déjà combles, pourquoi ne pas les confiner dans d'autres maisons closes, plus conviviales et surtout plus riches de retombées économiques ? Aussi bien, renchérit l'avocat de la sulfureuse chaîne Artemis, en plein boom actuellement outre-Rhin, « football et sexe vont de pair ». N'est-on pas allé jusqu'à qualifier de quasi orgasmique le plaisir — exagérément démonstratif, au goût de certains — du buteur qui « troue les filets adverses » ? Et au-delà de ce moment d'exception (actuellement trop rare chez nos Bleus), ne relève-t-on pas dans les langages de troublantes similitudes ? « Faire une touche », n'est-ce pas plaire à quelqu'un ? Le verbe « conclure », cher au séducteur bronzé Jean-Claude Dus, n'est-il pas justement celui que l'on emploie pour concrétiser une offensive au ballon rond ? Dans l'argot du foot, n'a-t-on pas malicieusement baptisé quéquette la pichenette qu'in extremis le gardien donne à la balle pour l'empêcher de passer sous la barre ? Encore vous fait-on grâce, dans ces rosissantes colonnes, de ces mâles métaphores qui, tel un ineffable frisson, parcourent les tribunes dès que la température s'élève un tantinet...

Autant d'arguments qui laisseront de marbre les féministes européennes, lesquelles, au dire de L'Express, ont sonné le branle-bas de combat, dénonçant la multiplication tous azimuts de ces « salons-clubs » que l'on vêtait jadis d'un nom moins consensuel, s'échinât-on quelquefois à le faire rimer avec tendresse. Nom bien inoffensif en soi, du reste, puisque issu du francique borda et désignant à l'origine une simple « maison de planches » ! C'est que, précise Alain Rey, celles qui s'adonnaient au plus vieux métier du monde ne pouvaient, notamment dans les ports, l'exercer qu'à l'écart, dans ces bordes qui formaient un quartier réservé. C'est égal : des voix s'élèvent déjà, en Suède, pour que l'équipe nationale reste au pays et boude ce Mondial qui promet de fouler aux pieds les droits de l'homme... et ceux de la femme. Attitude congruente à la situation, convenons-en, que celle qui consisterait ici à prendre ses cliques... et plus encore ses claques !