Un an déjà...

Et une bougie, une !

< mardi 18 juin 1996 >
Chronique

Comme le temps passe ! À peine nous sommes-nous fait à l'idée de reprendre le flambeau de nos glorieux prédécesseurs, voici venue l'heure de souffler la première bougie de notre rubrique : c'est le 16 juin 1995, en effet, que pour la première fois nous nous aventurâmes en votre compagnie sur les sentes escarpées de notre bonne vieille langue... L'occasion, peut-être, de rappeler que l'on célèbre, que l'on fête un anniversaire, mais que l'on ne saurait le commémorer, au contraire de ce que, malheureusement, l'on n'entend que trop souvent : il convient de réserver ce dernier verbe à l'événement lui-même, seul digne d'être conservé dans nos mémoires ! C'est ainsi que, pour commémorer la Révolution française, on a été amené à célébrer, en 1989, le bicentenaire que l'on sait...

Mais revenons un instant sur cette bougie, attendrissante compagne de tant de réjouissances familiales... Sait-on toujours qu'elle tire son nom d'une ancienne ville d'Algérie (aujourd'hui Bejaia), laquelle, au Moyen Âge, était surtout réputée pour la qualité de sa cire ? Primitivement, c'est d'ailleurs cette dernière, très fine, que désignait le mot avant qu'il ne s'appliquât, par métonymie, à l'objet entier. Dans son Dictionnaire universel de 1690, Antoine Furetière va jusqu'à préciser que ladite bougie était l'apanage des familles aisées, aristocratiques voire royales, qui avaient les moyens de s'éclairer à la cire fine. Les autres, moins fortunées, se contentaient du suif, autrement dit de la traditionnelle chandelle. À quelque chose, pourtant, nécessité est bonne : cet enracinement chez les humbles a fait que la chandelle, même supplantée par la bougie, est restée incomparablement plus vivace que celle-ci dans les locutions populaires. En témoignent, s'il en était besoin, les pittoresques expressions de notre rubrique Vocabulaire...