À Comines, on a fêté Jules Verne

Voyage extraordinaire...
au pays de l'orthographe !

< mardi 4 octobre 2005 >
Chronique

Quand Jules est au violon, et Francine — Hocedez, championne de Belgique — à l'accordéon, ça déménage ! Si la dictée de Comines proposait peu de mots rares, elle recelait assez de pièges et de subtilités pour renvoyer les candidats... de la Lune à la Terre ! N'hésitez pas à vous frotter, entre deux séances de Trucmuche, à ce... Peintre de l'univers (c'est le titre).

« En ces temps bénis, les explorations suscitaient l'engouement, et la science, encore tout auréolée de poésie, divulguait ses arcanes majeurs et insufflait aux artistes des rêveries extravagantes. Ce n'est donc pas merveille que le capitaine des mots nantais ait puisé son inspiration dans cette déferlante encyclopédique et jeté l'ancre aux confins du réel et de l'imaginaire où il embarqua ses lecteurs. Il dépeignit des engins bizarroïdes, des mondes fascinants peuplés de héros mythiques, et conçut des odyssées exceptionnelles dont Cinq semaines en ballon allait inaugurer la série et préluder à son ascension littéraire.

Sous la gouverne d'un mentor exigeant qui l'édita à vie et scella son destin, Jules le Futurible narra, entre autres, les aventures de l'irascible professeur s'engouffrant dans un volcan éteint censé l'acheminer au tréfonds de la Terre ; celles d'une triade de clercs vainquant la pesanteur, fonçant vers Séléné à la vitesse grand V ; l'épopée de ce jusqu'au-boutiste dont la marche implacable vers les contrées hyperboréennes fut, quoi qu'il advînt, son unique dessein ; ou encore le périple de cet ancien radja et de trois naufragés à bord du Nautilus, un submersible lance-engins qui s'immergea dans les eaux des profondeurs hadales.

Du faîte de ses aspirations, l'espèce d'ovni de la plume — continûment en quête de renom — a souvent chu, contristé par le peu d'estime que maints pairs lui ont accordé. Lorsque à vingt ans et quelques, voué à être avoué, il renonça au droit pour gauchir vers la scène, il ne fit pas florès avec ses vaudevilles et ses livrets d'opéras-comiques. Quant à son legs des Voyages, legs de lettré, ô combien ! nul doute qu'il fut indûment rangé parmi les ouvrages de SF ou d'agrément pour ados. Qu'on n'ait pourtant bien garde de qualifier de songe-creux le prosateur et le vulgarisateur le plus averti qu'on ait jamais connu, le chantre hors série de l'ère positiviste, le conteur rationaliste qui vit le rôle crucial du progrès exactement comme le vit Comte. »