Sarko trahi par ses cale-pieds...

Un ministre plus gamelle que bidon !

< mardi 24 août 2004 >
Chronique

Était-ce pour le futur président de l'UMP une façon de prouver à son Premier ministre préféré que lui aussi pouvait tutoyer la France d'en bas ? À moins qu'il ne se fût agi de démontrer à ses détracteurs, qui le trouvent quelquefois bidon, qu'il était surtout gamelle ? Toujours est-il que Nicolas Sarkozy en a ramassé une croquignolette il y a quelque quinze jours, du côté d'Arcachon. La faute, paraît-il, à la courroie d'un cale-pied qu'en connaisseur l'ex-coureur cycliste Jean-René Bernaudeau a jugé d'un autre âge. Ne croyez d'ailleurs pas qu'en évoquant ce fait divers estival nous sortions du... cadre de nos attributions. L'occasion était belle de se pencher sur les noms composés de notre lexique qui, à l'instar dudit cale-pied, font intervenir une partie du corps. Au singulier, force est de reconnaître que la logique est le plus souvent respectée. On ne s'étonnera guère, par exemple, que le protège-dents fasse écho au protège-tibia, lequel n'en préserve évidemment qu'un à la fois. Même sérénité pour le sèche-cheveux (seul le professeur Nimbus serait fondé à protester), le rince-doigts et le tord-boyaux face à l'abaisse-langue, au couvre-nuque et au cache-sexe. Pourquoi, cela dit, Larousse accepte-t-il cure-ongle quand il impose coupe-ongles ? Pourquoi Robert, dont on comprend sans peine le chausse-pied et le croche-pied, fait-il le lit du couvre-pied et, plus surprenant encore, du casse-pied ? Peut-être celui-ci se révèle-t-il un peu moins importun que le casse-pieds ? Mais alors, comment justifier le fait qu'il n'existe qu'une variété — avec un s, bien sûr — de casse-c... ? Entrerait-il ici en ligne de compte une notion de distance ? Au pluriel, les choses ne s'arrangent pas. On admet difficilement que les dictionnaires susmentionnés, qui se montrent volontiers magnanimes à l'heure des amuse-bouche(s), se déchirent à celle du rince-bouche (des rince-bouche pour Larousse, des rince-bouches selon Robert) ; on ne s'explique pas davantage pourquoi les lèche-cul de Larousse ont l'air moins nombreux que les lèche-culs de Robert ; ni pourquoi, chez ce dernier, la tolérance prônée pour les casse-tête(s) ne s'applique pas aux casse-gueule. Heureusement les cale-pieds, qu'ils usent ou non de la courroie qui fut fatale à notre ministre des Finances, font, eux, l'unanimité. On ne peut pas pédaler tout le temps...