La Nouvelle-Zélande a le moral... en Berne

Vers une Coupe de l'Helvetica ?

< mardi 25 février 2003 >
Chronique

Si désespérément grise qu'elle soit, l'actualité a du moins le bon goût de nous ménager, çà et là, quelques plages de saine décontraction. La moindre n'étant pas cette victoire annoncée d'Alinghi dans la légendaire Coupe de l'America. Voilà en effet cent cinquante-deux ans que le trophée a déserté notre « vieille Europe » et devinez qui, cette année, a de sérieuses chances de la faire rentrer au bercail ? Mais la Suisse, bien sûr, grand pays de marins devant l'Éternel ! C'est le regretté baron Bich qui doit en faire une tête, lui qui, on s'en souvient, fut hier à la pointe du combat en plaçant une bonne part de ses célèbres billes dans le défi français. Certes, pour parler comme l'autre, « the game is not over ». Si les Néo-Zélandais, qui s'attendaient à tout sauf à voir leur supériorité en la matière contestée par des régatiers du Léman, se voient d'ores et déjà chocolat, deux points sont encore nécessaires pour que la Confédération helvétique inscrive définitivement son nom sur les tablettes du sport nautique. Un coup de barre, tous les spécialistes vous le diront, est toujours possible et l'on a vite fait, dans cette discipline où le vent tourne plus souvent qu'à son tour, de mettre à côté de la plaque alors même que l'on s'apprêtait à boire du petit-lait ! Cela dit, nos All Blacks de la voile ont des raisons de voir tout en noir. « Il faut, ironise notre confrère Le JDD, se représenter l'aiguillère (1) — sic — d'argent au sommet du Cervin, dominant la vallée de Zermatt, à 4 478 m d'altitude, et nulle frontière maritime à l'horizon, pour prendre toute la mesure de l'événement. » De fait, c'est le monde entier qui risque fort de se gondoler, qui plus est en plein accord avec l'étymologie : sait-on toujours que ce mot régate, tellement anglo-saxon dans l'esprit, fait en réalité partie de cette poignée de vocables que l'on doit au... vénitien ? Si la plupart de ses congénères — doge, lagune, péotte — ont de la peine à cacher leurs racines, le nôtre avance masqué. Mais la régate était bien, à l'origine, une course de gondoles ! On l'a même fait descendre du verbe rigattar, « se disputer », allant jusqu'à voir dans celui-ci la griffe du gatto italien, eu égard au tempérament querelleur du matou ! Pourvu que ces diables de Suisses n'en tirent pas argument pour jouer au chat et à la souris avec leurs adversaires...

(1) aiguière, sans doute ?...