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< mardi 17 décembre 2002 >
Chronique

Ne crachons pas dans la soupe : il y avait de la qualité dans cette Star Academy, deuxième du nom. Peu nous chaut qu'elle ait ou non une touche avec le pianiste Mathieu Gonet, Nolwenn, qui présente les meilleures chances de l'emporter samedi, chante juste et a une bien belle voix. On avait fini par se demander si ces qualités n'étaient pas devenues secondaires dans le petit monde de la chanson actuelle. Le verdict des téléspectateurs, sans appel (si l'on peut dire, vu ce que les votes par téléphone et SMS rapportent à TF1), est en ce sens rassurant. Ajoutons qu'à tout prendre ce château-là sera toujours préférable au loft, qui n'a, on le sait, que sa piscine pour faire oublier les longueurs... Alors, nous direz-vous, pourquoi diable ce titre assassin ? Ne ferions-nous pas, des plus mesquinement, payer à l'émission son nom anglais, ainsi que sa propension à promouvoir la langue de Shakespeare ? Comme si cela nous ressemblait ! Certes, nous confessons ici un brin d'agacement devant ce « prime » que les derniers mois auront, c'est à craindre, définitivement consacré auprès du grand public ; devant l'activisme d'un Nikos, aussi, qui n'en est plus à un « coaching » ou à un « making of » près. Mais quoi ? Notre militantisme ne nous aveugle pas au point d'ignorer que, pour faire école, cette académie-là devait se terminer par un y. Regardez, naguère, Mireille et son Petit Conservatoire de la chanson : mine de rien, elle avait inventé le concept... Il ne lui a manqué que d'être conseillée par les gens d'Endemol !

Non, ce qui nous peinerait bien plutôt, c'est que parmi les nombreuses disciplines enseignées au château, du théâtre à la danse classique en passant par l'expression scénique, nul n'ait songé à inscrire l'expression tout court : à en juger par la façon dont nos petits prodiges se comportent au micro (voir nos colonnes de gauche), cela n'aurait pourtant pas été du luxe. Si l'utilité du « powerfight » dans la formation de la star d'aujourd'hui n'est plus à démontrer (histoire de se prémunir, sans doute, contre l'enthousiasme parfois débordant de ses admirateurs), on pouvait s'attendre que la maîtrise de la langue importât tout autant. Mais peut-être a-t-on estimé que l'acquisition de cette dernière était du ressort d'autres académies, hier encore fréquentées par nos artistes en herbe ?