Maladie de Lyme : ça tourne au vinaigre

Ah ! ces tiques...

< mardi 16 juillet 2002 >
Chronique

Assistera-t-on bientôt à la création d'un Comité consultatif national des tiques ? Ce qui est sûr, c'est que ces aimables bestioles n'ont pas fini, en cette période estivale propice aux promenades dans les sous-bois, de nous donner un mal de chien. Leur responsabilité, en effet, n'est plus à démontrer dans la transmission de certaines maladies peu ragoûtantes : tularémie, maladie de Lyme, encéphalites diverses... L'Autriche, où le mal relève de l'endémie, est tout entière et depuis longtemps vaccinée. Mais en France, le risque est aussi grammatical. À l'heure où la parité souffre déjà mille morts, on l'a vérifié lors des dernières élections législatives, grande est la propension, y compris dans les milieux autorisés, à faire de cet acarien un masculin. La faute en incombe sans doute à ce faux frère de moustique : de telles contaminations ne sont pas rares et force est de reconnaître qu'à l'inverse notre termite, indûment phagocyté par la mite, a toujours peiné, lui, à faire valoir ses mâles dispositions. Peut-être aussi à l'homonyme tic, cette seconde hypothèse dût-elle faire grimacer ceux pour qui l'orthographe, bien loin de nous compliquer la vie, est avant tout source de distinctions précieuses. Songerait-on à confondre, bille en tête, un bic et une vieille bique ? À mêler d'un coup de cuillère à soupe le basilic à la basilique ? À semer la panique là où, en réalité, pousse le panic ? La méprise ne serait pourtant pas nouvelle. Sait-on toujours, par exemple, que les piques que l'on se lance dans une discussion animée sont du genre féminin et n'ont de ce fait rien à voir avec le pic à glace cher à la Sharon Stone de Basic (!) Instinct ? Combien de copies d'élèves trahissent-elles l'amalgame — détonant autant qu'étonnant — de plastic et plastique, quand bien même celui-ci n'entraînerait le plus souvent aucune confusion de genre ? Et que dire de cette mode, laquelle frappe surtout nos enseignes, qui consiste à angliciser la plupart de nos mots ? On ne compte plus les artistic, classic, diabolic, electric, energic, magic, music, tonic... sans parler du lyric et des comics ! Allez, après cela, prêcher la différence entre nom et adjectif : entre diagnostic et diagnostique, pronostic et pronostique... Vous aurez vite fait, devant la perplexité ambiante, de prendre vos clic et vos clac. Pardon : vos cliques et vos claques !