Les charmes de la fran(ca)cophonie

Sois Belge et... parle !

< mardi 27 juin 2000 >
Chronique

C'est là le conseil que nous aurions envie de donner (mais l'a-t-il attendu ?) à notre voisin d'outre-Quiévrain, tant nous émerveille ce que nous entendons chaque jour sur les chaînes de télévision belges, par les temps d'Euro qui courent... Non que les sujets d'Albert nous en remontrent toujours en matière de beau langage : s'il reste de bon ton de nourrir un complexe devant les grammairiens du plat pays (n'a-t-on pas dit de Maurice Grevisse qu'il « avait appris le français aux Français » ?), l'homme des plateaux, en revanche, est visiblement en butte aux mêmes difficultés que nos propres animateurs. Pourrait en témoigner ce consultant de la Une, lequel n'a pas hésité à disséquer, ralenti à l'appui, ce qu'à cinq reprises au moins il a appelé des « duels à un contre un » ! La précision n'est plus une exclusivité suisse... Sur le front du franglais, la situation n'est pas moins contrastée. Le préjugé, certes, ne pouvait être que favorable envers des gens qui s'échinent à parler de coups de pied de coin ou de réparation là où le monde entier ne connaît que corners et penalties. Mais comme le remarquait, dans son article plein d'humour du 16 juin, notre confrère Guy Delhaye — que nous avons cru reconnaître sous le pseudonyme transparent de Guy Van Melk —, c'est pour se rattraper sur goal, back ou offside. Quant au calamiteux coaching, la preuve est faite qu'il n'a rien du nuage de Tchernobyl : il ne s'est pas arrêté à la frontière ! N'en rajoutons pas, par conséquent, dans la flagellation : les Belges ne parlent pas toujours un français plus pur que le nôtre, ils en parlent tout bonnement un autre. Et c'est merveille que de se sentir ainsi dépaysé sur un terrain dont on pensait connaître le moindre brin d'herbe... mais où, soudain, l'aile se mue en flanc, la barre transversale en latte, le tableau d'affichage en marquoir, le milieu de terrain en médian et la surface de réparation en rectangle... C'est bien simple, on ne s'en lasse pas, et on se dit que s'il reste aujourd'hui une chance, une seule, à la francophonie, c'est probablement du côté de cette diversité-là qu'il convient de la chercher !